Catherine Balet, les images incertaines
Catherine Balet des identités au virtuel
Catherine Balet (née en 1959), diplômée des Beaux-Arts de Paris, a commencé par une carrière d’artiste peintre qu’elle délaissa en 2000 pour la photographie, notamment en initiant une série « Identity » sur les adolescents de toute l’Europe qu’elle parcouru pour en dresser des portraits frontaux à l’image d’un August Sanders contemporain.
Identités
Cette première série photographique est une sorte de relevé ethnographique des us et coutumes vestimentaires des jeunes générations européennes, où l’on constate précisément que le régionalisme a disparu au profit d’affiliations transnationales et consuméristes imitant de manière parfois dérisoire les rites tribaux. Catherine Balet décrit donc, sans aucun parti pris, l’identité mondialisée de la jeunesse contemporaine qui pourtant invoque des codes communautaristes en principes très fermés, et ancrés territorialement.
Catherine Balet a complété cette cartographie des apparences vestimentaires et de leur implantation transnationale et pourtant sectaire par deux autres séries, Identity 2 et Identity 3. Dans le deuxième opus elle prend le contre-pied du précèdent et aborde au contraire le « costume » traditionnel. La troisième série, quant à elle, se concentre sur les jeunes femmes voilées.
Ces premiers travaux sont donc totalement documentaires et se situent dans la lignée de la Nouvelle Objectivité (voir notre article sur Albert Renger-Patzsch) et de ses suites jusqu’à la Photographie Objective de l’École de Düsseldorf, en particulier Thomas Ruff (voir notre article), qui a également dressé des portraits d’identité réduits à leur pure structure formelle.
Scénographies
Catherine Balet s’éloignera ensuite de la veine « réaliste » et documentaire pour adopter un autre grand courant de la photographie contemporaine, à savoir, la « Staged Photography », dont le principal initiateur est jeff Wall (voir notre article). En effet, dans la série intitulée « Strangers in the Light » la photographe plasticienne s’intéresse à la place des nouvelles technologies et de l’hyper connectivité dans nos vies quotidiennes.
Mais plutôt que de recourir au documentaire strict, exactement comme Jeff Wall, Catherine Balet construit une image de toute pièce qui par son contenu prétend établir un état de fait sans être pour autant un re-portage.
Auteur : Thierry Grizard