Baptiste Rabichon ornements et rhétorique visuelle
La première chose qui « frappe» concernant Baptiste Rabichon — ce jeune plasticien-photographe français — c'est l’hétérogénéité, pour ne pas dire l'impression d'un art hétéroclite. Un authentique « pot-pourri» exhalant la sensualité et les fleurs de synthèse. L'explorateur Baptiste Rabichon transgresse benoîtement, sans provocation, les frontières, plus établies qu'il peut y paraître, des arts visuels. Il franchit, en particulier, le Rubicon qui sépare encore l'art de l'artisanat, la façon et la facture de la création ou conception.
Les joies de la technique
Le « technicien » ne fait pas être quelque chose il actualise ce qui est potentiellement dans le matériau, dans les limites de ce que peut l’outil ou le système de connaissance à disposition. La technè assemble et transforme, elle ne crée pas ex nihilo, elle n'est pas strictement poièsis, conception, création, invention intellectuelle, mais élaboration à partir d'un savoir.
Or Baptiste Rabichon fait de la poièsis avec de la technè. Il « joue », voire « surjoue » les techniques et par là même invente, notamment parce que sa technè est dénuée de finalité « pratique». Le « but» et la praxis du plasticien français est de « jouer » avec les « manières de faire » , sa pratique est tautologique. En effet, son « intention » ne semble pas aller au-delà d'un jeu quasi sophistique d'inversion des catégories pour le simple plaisir de « pratiquer» une dialectique brouillant les antinomies. Tout est possible chez Baptiste Rabichon, le principe de réalité est forclos, l'obscurité devient par exemple la blancheur du négatif; les balcons-fenêtres ne dérobent pas mais abondent visuellement; les caches photographiques deviennent des « réserves picturales» à la Giuseppe Arcimboldo qui pollinisent le cadre.
Analogique et numérique
Baptiste Rabichon ne créer pas ex nihilo comme un démiurge romantique mais échantillonne, il n'est donc pas sans filiation. En effet, son travail peut s'apparenter à une forme nouvelle de collage dadaïste qui rappelle d’ailleurs la dernière exposition d’Adrian Ghenie à la galerie Ropac (voir notre article). Il est de même un retour au source de la photographie (analogique), quand celle-ci était encore un champ d'expérimentation technico-scientifique de reproduction mécanique du monde des choses matérielles (voir notre article sur Albert Renger-Patzsch).
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