Leonora Carrington, de Max Ernst au Mexique, une épopée surréaliste
“I didn’t have time to be anyone’s muse. I was too busy rebelling against my family and learning to be an artist.”
Leonora Carrington est née le 6 avril 1917 à Clayton-le-Moors, en Angleterre, dans une famille aisée d’industriels d’origine irlandaise à confession catholique. Très tôt, elle montre un intérêt pour l’art et la littérature, après des études disparates et une éducation néanmoins parfaite de jeune fille de la haute société anglaise — elle fut présentée à la cour, consacrée comme telle par son bal des Débutantes, — elle découvre lors d’une exposition à Londres des surréalistes l’œuvre de Max Ernst qu’elle entreprend de rencontrer rapidement. La jeune fille de bonne famille prendra alors un tout autre chemin marqué par la passion, la création, la dépression et l’internement puis l’exil loin de sa terre natale et un parcours obstiné en tant qu’auteur et peintre surréaliste.
Les années de formation de Leonora Carrington à Florence et Londres
Leonora Carrington a passé une période cruciale de sa formation artistique à Florence. En 1936, à l’âge de 19 ans, elle s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts de Florence. Cette institution prestigieuse, fondée en 1563, est l’une des plus anciennes académies d’art en Europe. Cette période florentine a été marquée par une immersion profonde dans l’art de la Renaissance italienne, influençant durablement son approche artistique.
La technique de la peinture a tempera, caractérisée par l’utilisation de pigments mélangés à un liant, souvent à base d’œuf (ou quand il s’agit de détrempe de gommes naturelles ), a eu une influence notable sur la pratique de Leonora Carrington. Cette méthode, pratiquée par les maîtres du Quattrocento, permet une finesse de détail et une luminosité particulière des couleurs, qualités que Carrington a su intégrer dans ses propres œuvres. Ses tableaux montrent une minutie et une clarté de couleur qui rappellent les techniques anciennes, tout en les réinterprétant dans un contexte surréaliste.
Leonora Carrington
Les compositions de Carrington sont également influencées par les schémas de la Renaissance italienne. L’artiste intègre souvent des compositions narratives utilisant des perspectives complexes et des arrangements de figures qui rappellent les fresques et les retables de l’époque ou encore les prédelles qui permettent à Leonora Carrington, qui était parfaitement ambidextre, de jouer sur la multiplication des espaces juxtaposés liés par des temporalités différentes, se lisant assez fréquemment, chez Carrington, de droite à gauche, passé/présent/futur.
L’artiste recourt également fréquemment aux différences d’échelle selon la valeur du personnage figuré et selon les règles de la perspective monoculaire, exactement comme ce fut le cas dans la peinture gothique et, quelquefois, chez Giotto.
Par ailleurs, comme chez les artistes du Quattrocento, elle crée des scènes qui semblent sorties d’un décor théâtral, avec des éléments symboliques et allégoriques riches, des paysages non naturalistes similaires à des éléments en carton-pâte proches de ceux que l’on retrouve encore chez Giotto ou Piero della Francesca.
Leonora Carrington et Max Ernst
En 1937, Leonora Carrington découvre l’œuvre de Max Ernst lors de l’Exposition Internationale du Surréalisme à Londres, organisée par l’artiste et galeriste Roland Penrose à la New Burlington Galleries.
Cette exposition rassemble des œuvres de nombreux artistes surréalistes de renom et joue un rôle crucial dans l’introduction de Carrington au mouvement surréaliste et à ses principaux acteurs. Les œuvres d’Ernst, avec leurs motifs oniriques et leurs techniques innovantes telles que le frottage et le collage, captivent particulièrement Carrington, qui est déjà fortement attirée par le monde du surréalisme.
Leonora Carrington et Max Ernst. Lambe Creek. 1937. Photographie: Lee Miller.
La première rencontre entre Leonora Carrington et Max Ernst se produit peu de temps après l’exposition, lors d’un dîner organisé par Edward James, un mécène des surréalistes, à Londres. À cette soirée, Carrington, jeune artiste de vingt ans, rencontre Ernst, de vingt-six ans son aîné. L’attraction mutuelle est immédiate. Ils sont rapidement liés par une passion commune pour l’art et le surréalisme. Ernst est également intrigué par l’originalité et la vivacité de Carrington, tandis qu’elle est fascinée par l’expérience et le talent d’Ernst.
Leur relation se développe rapidement et intensément. Carrington quitte bientôt l’Angleterre pour Paris, où elle emménage avec Ernst, s’immergeant davantage dans le cercle surréaliste. Cette union marque le début d’une période de collaboration créative et de croissance artistique pour Carrington.
Ensemble, ils explorent de nouvelles techniques et thèmes artistiques, tout en s’inspirant mutuellement. La rencontre avec Ernst et leur relation passionnée influence profondément le parcours artistique de Leonora Carrington, la propulsant au cœur du mouvement surréaliste international.
La famille de Leonora Carrington, particulièrement son père, Harold Carrington, réagit très négativement à sa relation avec Max Ernst. Harold, un industriel prospère et conservateur, désapprouve fortement le mode de vie bohème et les choix amoureux de sa fille. Il considère Ernst comme une mauvaise influence. Cette désapprobation familiale accentue la détermination de Leonora à poursuivre sa voie artistique et personnelle, loin des attentes conventionnelles de sa famille.
À Paris, Leonora Carrington et Max Ernst vivent au cœur de la communauté surréaliste. Ils participent à des expositions, fréquentent des cafés littéraires et échangent avec d’autres artistes et intellectuels. Leur appartement parisien devient un lieu de rencontre pour les surréalistes. Carrington, bien que plus jeune et moins expérimentée, impressionne ses pairs par son talent et sa vision artistique. Paris est un creuset d’influences pour elle, où elle développe son style unique, intégrant des éléments de la culture européenne et des mythologies personnelles dans ses œuvres.
En 1938, ils quittent Paris pour se réfugier en Ardèche, où ils louent une maison à Saint-Martin-d’Ardèche. Ce séjour est une période de grande créativité pour eux deux. Ils transforment la maison en une œuvre d’art surréaliste, peignant les murs et créant des sculptures dans le jardin.
En Ardèche, loin de la guerre qui gronde, Leonora et Max vivent une vie semi-recluse, entourés de la nature sauvage qui nourrit leur imaginaire surréaliste. Leur maison devient un véritable sanctuaire artistique. Leonora, inspirée par les paysages et la tranquillité des lieux, peint des œuvres imprégnées de mysticisme et de mythologie. Max, de son côté, continue ses expérimentations surréalistes, créant des collages et des peintures. Le couple attire l’attention des locaux par leur mode de vie excentrique et leur maison décorée de manière unique. Ce refuge en Ardèche est une bulle de créativité et d’amour, bien que l’ombre de la guerre plane constamment sur eux.
Cependant, l’invasion de la France par les nazis en 1940 met brutalement fin à cette idylle. Max Ernst est arrêté par les autorités françaises comme « étranger ennemi », bien qu’il soit antinazi. Il est interné au camp des Milles, puis relâché grâce à l’intervention d’amis influents.
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Influence de Max Ernst sur Leonora Carrington
Leonora Carrington et Max Ernst ont partagé une relation personnelle et artistique profonde. Leur collaboration a, non seulement enrichi leur travail individuel, mais a également contribué à l’évolution de leurs styles artistiques respectifs.
Le frottage, très utilisé par Ernst à partir de 1925, qui consiste à placer une feuille de papier sur une surface texturée puis à la frotter avec un crayon ou un autre instrument, révélant ainsi des motifs aléatoires qui stimulent l’imagination et peuvent être intégrés dans des compositions plus complexes, a particulièrement marqué la pratique picturale de Leonora Carrington. Autre technique concomitante d’Ernst qui retient l’attention de la jeune artiste, le grattage, qui consiste à appliquer de la peinture sur une surface puis à gratter certaines parties pour révéler les couches sous-jacentes. Cela crée des effets de texture et de profondeur intrigants.
Par ailleurs, on retrouve chez la peintre anglaise l’usage de la décalcomanie, popularisée par Ernst, implique d’appliquer de la peinture sur une surface et de presser une autre surface dessus puis de les séparer pour créer des motifs abstraits. Cette technique crée des textures aléatoires et des formes organiques qui peuvent être intégrées dans des compositions plus élaborées propres à procurer des motifs aléatoires spécifiques du surréalisme.
Leonora Carrington
Évidemment, les collages directs ou sur le mode d’une composition hétérogène, ainsi que l’automatisme surréaliste font partie des techniques que les deux artistes ont partagées.
L’influence de Max Ernst sur Leonora Carrington est profonde et multiple. En adoptant et en réinterprétant les techniques innovantes d’Ernst telles que le frottage, le grattage, la décalcomanie, le collage et l’automatisme, Carrington a enrichi son propre répertoire artistique. Elle a su intégrer ces techniques dans son univers unique, créant des œuvres qui marient mystère, imagination et surréalisme.
Mais, alors que Ernst est totalement habité par l’idée de surréel, Carrington a progressivement acculturé son surréalisme d’éléments empruntés au symbolisme des légendes celtiques, puis d’Amérique du Sud, notamment en intégrant le symbolisme des cultures Maya et Aztèque. Il y a en outre une dimension fortement autobiographique et narrative chez Carrington, qui lui est très personnelle.
Leonora Carrington : Le séjour à Lambe Creek, 1937
En 1937, Leonora Carrington passe un séjour — particulièrement important pour la suite de son parcours artistique — à Lambe Creek en Cornouailles, en compagnie de Max Ernst et d’autres figures surréalistes. Ce séjour est marqué par une intense créativité et des dynamiques personnelles complexes. Sont présent durant ces quelques semaines, Max Ernst avec qui elle partage déjà sa vie, mais également Man Ray et Lee Miller, Roland Penrose, leur hôte.
Les artistes passent de longues heures à créer, inspirés par les paysages de Cornouailles. Carrington, en particulier, développe son style unique, fusionnant des influences surréalistes avec des motifs celtiques et mythologiques. Man Ray et Lee Miller réalisent des photographies expérimentales et des courts métrages, capturant l’essence du groupe et les paysages de Lambe Creek. Les soirées sont dédiées à des discussions philosophiques et artistiques, stimulant la créativité et forgeant des idées nouvelles.
Le séjour de Leonora Carrington à Lambe Creek en 1937 est un moment charnière de sa vie et de sa carrière artistique. En compagnie de Max Ernst et d’autres artistes influents comme Man Ray, Lee Miller et Roland Penrose, Carrington trouve un environnement propice à l’exploration créative et à l’expérimentation. Ce séjour, bien que marqué par des tensions personnelles et des réactions familiales négatives, se révèle être une période de croissance artistique intense et de formation de liens durables au sein du mouvement surréaliste.
Fait notoire durant ce séjour à Lambe Creek la relation entre Leonora Carrington et Lee Miller qui partageaient une approche très libre de la sexualité et des relations amoureuses. Leur époque est marquée par des normes rigides, mais toutes deux explorent, à l’unisson de l’amour libre prôné par Breton et les surréalistes, les chemins de la liberté sexuelle et de l’émancipation féminine. C’est dans ce contexte que Lee Miller prit la très fameuse photographie de Max Ernst couvrant la poitrine dénudée de Leonora Carrington.
Leonora Carrington et le cercle surréaliste à Paris
Leonora Carrington est arrivée à Paris en 1937, où elle a immédiatement été introduite dans le cercle des surréalistes, notamment milieu par son compagnon Max Ernst. Elle a rencontré plusieurs figures emblématiques du mouvement, qui ont influencé et soutenu son développement artistique.
André Breton a rapidement reconnu le talent de Carrington. Ils ont développé une relation respectueuse et intellectuellement stimulante, Breton encourageant souvent Carrington à explorer ses visions personnelles et ses thèmes mythologiques.
Carrington a été photographiée par Man Ray, ce qui a contribué à sa visibilité dans le mouvement. Ils partageaient une admiration mutuelle pour l’expérimentation artistique. Parmi les autres personnalités notoires que Leonora rencontra, on peut citer Dali, Eluard, Duchamp, Leonor Fini, Tanguy, Miró et Magritte entre autres figures emblématiques du surréalisme et des autres mouvements artistiques parisiens de l’époque.
Leonora Carrington
Entre 1937 et 1940, Carrington a participé à plusieurs expositions importantes à Paris, consolidant sa place dans le mouvement surréaliste. • Exposition Internationale du Surréalisme (1938) : organisée par André Breton et Paul Éluard à la Galerie Beaux-Arts, cette exposition a été un moment crucial pour Carrington. Elle y a présenté plusieurs de ses œuvres, attirant l’attention des critiques et des collectionneurs. Son travail a été salué pour sa richesse symbolique et son imaginaire puissant. • Exposition à la Galerie Pierre Colle (1939) : Carrington a également exposé à la Galerie Pierre Colle, connue pour soutenir les artistes surréalistes. Ses œuvres y ont été remarquées pour leur exploration des thèmes mythologiques et féminins, consolidant sa réputation en tant qu’artiste innovante.
Les années passées à Paris entre 1937 et 1940 ont été formatrices pour Leonora Carrington. Immergée dans le bouillonnement artistique du surréalisme, elle a rencontré des figures clés qui ont influencé son développement artistique. Ses expositions à Paris ont établi sa réputation d’artiste surréaliste importante, tandis que ses relations avec des personnalités comme André Breton, Man Ray, Salvador Dalí, et bien d’autres ont nourri son imaginaire et son style unique. Carrington a su s’imposer dans un monde dominé par les hommes, en apportant une perspective profondément personnelle et innovante au mouvement surréaliste.
Leonora Carrington et la peinture métaphysique
Leonora Carrington a subi de nombreuses influences tout au long de sa carrière, et Giorgio de Chirico en est une particulièrement notable. De Chirico, peintre italien associé au mouvement de la peinture métaphysique, est connu pour ses paysages urbains oniriques, ses perspectives déstabilisantes et son atmosphère mystérieuse, des éléments qui résonnent fortement dans l’œuvre de Carrington.
De Chirico est célèbre pour ses perspectives dramatiques et ses lignes de fuite qui créent un sentiment de profondeur et d’aliénation. Carrington adopte une approche similaire, utilisant des perspectives inhabituelles et des espaces labyrinthiques pour engendrer un sentiment de mystère et d’étrangeté. Ses compositions souvent complexes jouent avec la perspective pour déstabiliser le spectateur, une technique héritée de la peinture métaphysique de De Chirico.
Leonora Carrington
L’atmosphère énigmatique et onirique qui caractérise les œuvres de De Chirico trouve un écho dans celles de Carrington. De Chirico crée des scènes qui semblent suspendues dans le temps, peuplées de statues classiques, de mannequins et d’architectures imposantes. Carrington transpose cette esthétique dans ses propres œuvres, peuplant ses tableaux de créatures fantastiques, de figures féminines mystérieuses et de décors intemporels. Les deux artistes partagent un intérêt pour les univers parallèles et les réalités alternatives, où le rêve et la réalité se confondent.
Les thèmes de l’absurde et de l’inconscient sont omniprésents chez De Chirico, qui cherche à révéler l’étrangeté cachée derrière la façade du quotidien. Carrington, influencée par cette approche, explore également les recoins de l’inconscient dans son travail. Elle crée des récits visuels où les règles de la logique sont suspendues, permettant l’émergence de l’irrationnel et du fantastique. Les œuvres de Carrington sont souvent des voyages introspectifs, à connotation parfois autobiographique.
Leonora Carrington et les problèmes psychiatriques
Les troubles psychiatriques de Leonora Carrington se manifestent après l’arrestation de Max Ernst. En 1940, profondément affectée par la situation, elle subit une dépression nerveuse. Elle est internée dans un hôpital psychiatrique en Espagne, où elle subit des traitements brutaux, incluant des injections de cardiazol qui provoquent des convulsions similaires à celles de l’électrochoc. Ces expériences traumatisantes marquent profondément son œuvre, influençant son exploration des thèmes de la folie et de l’aliénation.
En Espagne, Leonora est internée à Santander. Les conditions y sont inhumaines, et elle est soumise à des traitements expérimentaux cruels. Elle décrit plus tard ces expériences dans son livre « En Bas », où elle évoque les visions terrifiantes et les hallucinations induites par les traitements.
Cette période sombre de sa vie est une épreuve qui renforce sa détermination artistique et son désir de dénoncer les injustices.
Leonora Carrington : L’exil au Mexique
Leonora Carrington s’exile au Mexique en 1942, fuyant les horreurs de la Seconde Guerre mondiale et après un passage difficile par l’Espagne et les États-Unis, le Mexique devient non seulement un refuge, mais aussi un terreau fertile pour l’évolution de son œuvre artistique et sa vie personnelle.
Peu après son arrivée au Mexique, Leonora rencontre et épouse le photographe et journaliste hongrois Emerico “Chiki” Weisz. Le couple s’installe à Mexico et a deux fils, Gabriel et Pablo. Sa vie familiale au Mexique est marquée par une stabilité relative, contrastant avec le tumulte de ses années européennes. Elle tisse des liens étroits avec d’autres artistes et intellectuels exilés, dont Remedios Varo et Benjamin Péret, formant un cercle de soutien mutuel et de collaboration artistique.
Au Mexique, l’œuvre de Leonora Carrington évolue significativement. Influencée par le riche patrimoine culturel et les traditions artistiques locales, elle intègre des éléments de la culture mexicaine, maya et aztèque dans ses créations. Les mythologies et symbolismes indigènes se mêlent à son univers surréaliste, enrichissant ses compositions de nouvelles couches de sens. Carrington explore des thèmes liés à la cosmogonie mexicaine, aux rituels et aux légendes indigènes. Ses œuvres deviennent plus colorées et intègrent des motifs inspirés des cultures précolombiennes.
Leonora Carrington
En plus de la peinture, Carrington se lance dans la sculpture, la tapisserie et la création de costumes. Elle expérimente également avec la peinture murale, une forme d’art très respectée au Mexique, influencée par les grands muralistes mexicains comme Diego Rivera. Ses œuvres continuent de raconter des histoires complexes, mais l’influence mexicaine apporte une dimension supplémentaire. Les créatures fantastiques et les scènes oniriques sont désormais peuplées de figures et de symboles issus des traditions mexicaines.
La culture mexicaine et les civilisations anciennes comme les Mayas et les Aztèques exercent une influence profonde sur l’œuvre de Carrington. Elle s’imprègne des mythes, des rituels et de la spiritualité de ces cultures, intégrant ces éléments dans ses peintures et sculptures. Les motifs aztèques et mayas, tels que les représentations de dieux, les calendriers et les symboles de la nature, apparaissent fréquemment dans ses œuvres. Les cérémonies traditionnelles et les pratiques spirituelles mexicaines inspirent de nombreuses compositions, créant des scènes mystiques et aux rituels extravagants.
La vision du monde complexe et multidimensionnelle des cultures précolombiennes trouve un écho dans la structure narrative et symbolique de ses œuvres. Leonora Carrington développe de plus en plus amplement une forme de cosmologie personnelle aux mythes singuliers versant parfois dans des eschatologies aux références multiples et hétérogènes.
Leonora Carrington
Leonora Carrington gagne une reconnaissance considérable au Mexique, devenant une figure respectée dans le monde artistique local. Elle reçoit plusieurs prix et distinctions pour son travail. Sa reconnaissance s’étend également à l’Amérique du Nord, où elle participe à de nombreuses expositions importantes.
Expositions importantes au Mexique Entre son arrivée au Mexique et sa mort en 2011, Leonora Carrington participe à plusieurs expositions majeures qui renforcent sa notoriété internationale :
- 1950 : Première exposition individuelle au Mexique, organisée par la Galería Clardecor à Mexico, présentant des œuvres influencées par la culture mexicaine.
- 1960 : Exposition au Musée National d’Art Moderne (MAM) à Mexico, consolidant son statut d’artiste influente au Mexique.
- 1975 : Rétrospective au Musée d’Art Moderne de Mexico, mettant en lumière l’évolution de son œuvre depuis son arrivée au Mexique.
- 1986 : Participation à l’exposition “Surrealism: Two Private Eyes” au Musée Solomon R. Guggenheim à New York, mettant en valeur sa contribution au surréalisme international.
- 1994 : Exposition “Leonora Carrington: The Mexican Years” à l’Instituto Nacional de Bellas Artes (INBA), célébrant ses contributions à l’art mexicain.
- 2008 : Grande rétrospective à la Tate Liverpool au Royaume-Uni, offrant une reconnaissance internationale tardive mais significative.
- 2010 : Exposition au Museo de Arte Moderno à Mexico, peu avant sa mort, célébrant son long parcours et son influence durable.
L’exil de Leonora Carrington au Mexique marque un tournant décisif dans sa vie et son œuvre. Influencée par la culture et les traditions mexicaines, elle enrichit son langage artistique de nouvelles dimensions mythologiques et symboliques. Sa reconnaissance au Mexique et en Amérique du Nord témoigne de l’importance de son œuvre et de son rôle dans le mouvement surréaliste. Ses expositions, tout au long de sa carrière, ont célébré son génie créatif et sa capacité à fusionner des cultures et des imaginaires pour créer un univers unique et intemporel.
Engagement militant et féministe
Leonora Carrington s’engage activement dans les causes sociales et politiques. Elle soutient les mouvements de libération nationale et les droits des peuples autochtones au Mexique. Son art reflète ses convictions, souvent chargé de symbolisme politique et social. Elle utilise sa notoriété pour attirer l’attention sur les injustices et les inégalités, collaborant avec d’autres artistes pour promouvoir des changements sociaux. Leonora Carrington est une pionnière du féminisme. Elle défend l’émancipation des femmes à travers son art et son écriture. Ses œuvres mettent souvent en scène des figures féminines puissantes et indépendantes. Elle milite pour la reconnaissance des femmes artistes et l’égalité des sexes. Son influence est durable, inspirant des générations de femmes à revendiquer leur place dans le monde de l’art et au-delà.
Bibliographie des textes de Leonora Carrington
Leonora Carrington, artiste et écrivaine surréaliste, a produit une œuvre littéraire riche et variée. Voici une liste de ses principaux ouvrages.
The House of Fear (La Maison de la peur)
- Première Publication : 1938 Ce recueil de nouvelles est l’un des premiers ouvrages de Carrington. Il contient des histoires fantastiques et oniriques, peuplées de créatures mythiques et de situations surréalistes. Les nouvelles explorent des thèmes de transformation, de magie et d’absurdité.
Down Below (En bas)
- Première Publication : 1944 Cet ouvrage autobiographique décrit l’expérience de Carrington lors de son internement dans un hôpital psychiatrique à Santander, en Espagne. Elle y relate ses visions hallucinatoires et son processus de guérison. Ce texte poignant offre un aperçu rare de ses souffrances et de son esprit résilient.
The Hearing Trumpet (Le Cornet acoustique)
- Première Publication : 1974 Ce roman est l’une des œuvres les plus célèbres de Carrington. Il raconte l’histoire de Marian Leatherby, une nonagénaire qui découvre les secrets d’une maison de retraite excentrique grâce à un cornet acoustique offert par son amie Carmella. Le récit explore des thèmes de vieillesse, de féminisme et de mysticisme, avec une bonne dose d’humour surréaliste.
The Oval Lady (La Dame ovale)
- Première Publication : 1975 Ce recueil de nouvelles et de récits brefs illustre l’imaginaire foisonnant de Carrington. Les histoires, souvent absurdes et magiques, révèlent son talent pour fusionner le fantastique et le quotidien. Les thèmes de la métamorphose et de la liberté individuelle sont récurrents.
The Stone Door (La Porte de pierre)
- Première Publication : 1976 Ce roman complexe et poétique explore des thèmes de l’alchimie, de la transformation et du voyage intérieur. Le protagoniste, Abel, entreprend une quête initiatique qui le conduit à travers des paysages symboliques et mystiques.
Œuvres picturales les plus marquantes de Leonora Carrington
- The Giantess (La Dame ovale) • Date : 1947
- The Lovers (Les Amants) • Date : 1950
- The Pomps of the Subsoil (Les Pompes du sous-sol) • Date : 1947-1948
- The Temptation of St. Anthony (La Tentation de Saint Antoine) • Date : 1947 Candlestick) • Date : 1938
- The Kitchen Garden on the Eyot (Le Jardin potager sur l’îlot) • Date : 1946
Citations de Leonora Carrington
- « Surrealism is not a style. It is the cry of a mind turning back on itself."
- « The task of the right eye is to peer into the telescope, while the left eye peers into the microscope."
- « We went down into the silent garden. Dawn is the time when nothing breathes, the hour of silence. Everything is transfixed, only the light moves."
- « People under seventy and over seven are very unreliable if they are not cats."
- “I warn you, I am an imperfect being, my love is imperfect, and my suicide note will be imperfect too.”
- “Painting is my way of communicating my thoughts. I do not claim to express anything better, deeper, or more humane than what can be expressed in words.” Warner, Marina. Fantastic Metamorphoses, Other Worlds: Ways of Telling the Self. Oxford University Press, 2004.
- “I had to create a world of my own, like a climate, a country, an atmosphere in which I could breathe, reign, and recreate myself when destroyed by living. That, I believe, is the reason for every work of art.” Aberth, Susan. Leonora Carrington: Surrealism, Alchemy and Art. Lund Humphries Publishers, 2004.
- “I didn’t have children because I didn’t want them to inherit the world I lived in. I didn’t want them to grow up with the same horrors I did.” Warner, Marina. Phantasmagoria: Spirit Visions, Metaphors, and Media into the Twenty-first Century. Oxford University Press, 2006.
À propos de sa relation avec Max Ernst :
- « When I met Max Ernst, I was not looking for an artist to fall in love with, but rather a magician to teach me his spells." Source : Extrait de son autobiographie “Down Below” (publié pour la première fois en français sous le titre “En bas” en 1943).
- « Max was my teacher and mentor, but more than that, he was the door through which I entered a new world." Source : Extrait d’une interview publiée dans “Leonora Carrington: Surrealism, Alchemy and Art” par Susan Aberth (2004).`
- « With Max, it was like a perpetual explosion of creativity. We fed off each other’s ideas and visions, creating a universe of our own." Source : Correspondance privée de Carrington avec le critique d’art Pierre Loeb, cité dans “Leonora Carrington: An Inner Life” par Joanna Moorhead (2017).
- « Losing Max was like being exiled from paradise. But I had to find my own path, my own voice, separate from his influence." Source : Entretien avec Gloria Orenstein dans le cadre de recherches pour “The Theater of the Marvelous: Surrealism and the Contemporary Stage” (1994).
Leonora Carrington
Auteur : Thierry Grizard