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Gerhard Richter, atlas et autres territoires picturaux

L’Atlas de Gerhard Richter constitue une immense galaxie d’images prélevées dans la Presse et ailleurs. C’est à la fois une encyclopédie du non-art et le lieu du motif qui a servi de « modèle » aux « photo painting ».‌

Gerhard Richter, atlas et autres territoires picturaux

L’Atlas de Gerhard Richter constitue une immense galaxie d’images prélevées dans la Presse, parmi des photographies anodines ou des clichés personnels que l’artiste allemand a construit au fil du temps. C’est à la fois une encyclopédie du non-art et le lieu du motif qui a servi de « modèle » aux « photo painting ».‌


Wiesental

Wiesental, 1985, 90.5 cm x 94.9 cm, huile sur toile, catalogue raisonné: 572-4.
Référence Atlas

Avec “Wiesental”, comme dans bien d’autres paysages de campagne ou de voyage, Gerhard Richter recherche l’effet de luminosité diffuse non pas pour le retranscrire, en rendre la perception, mais pour coucher dans une infinité de lavis et de jus la capacité de l’espace pictural à devenir diffusant et diffus à la fois. Cette oeuvre vue de près est assez peu réaliste, c’est une multitude de touches plus ou moins rondes ou filées, pourtant rien de commun avec la décomposition pointilliste de la lumière, ni avec la division impressionniste encore moins l’aspect métallique des hyperréalistes. Ce paysage est réellement comme un nuage de points émettant une lumière interne. Le sujet complètement banal, voire ennuyeux, sans composition, est accessoire, c’est la finalité du “photo painting”, s’écarter de l’anecdote et du sens pour plonger dans une figuration qui pourrait être, dans le bon rapport d’agrandissement, abstraite. Une autre œuvre de Gerhard Richter illustre parfaitement ce propos : “Eisberg”, voir notre article.‌


Lesende

Lesende, 1994, 72 cm x 102 cm, huile sur toile.Catalogue Raisonné: 804
Référence Atlas

Gerhard Richter depuis les débuts du “photo painting”, en 1962, c’est libéré de l’orthodoxie du programme qu’il s’était alors fixé. Son travail pictural est essentiellement centré sur la surface comprise parfois comme un plan réfléchissant aux deux sens du terme, c’est à dire autant pour sa qualité de texture, apparemment lisse mais souvent granulaire, propre à capter la lumière et à décliner des gammes infinies de lavis colorés, que pour sa capacité à susciter l’auto-réflexion sur la représentation, sa surface de projection et le réel lui même. La peinture est pour l’artiste allemand un mode de pensée. Il ne voit aucun antagonisme entre la figuration et l’abstraction, lesquelles sont pour lui des modulations d’une même réflexion non narrative.

Pourtant, dans “Lesende”, Gerhard Richter n’hésite plus à se confronter, sans esprit polémique, à l’histoire de l’art, l’iconographie presque “Pop” du tableau de Vermeer, et l’anecdote personnelle en faisant poser Sabine Moritz-Richter, sa troisième femme. Il ne tient plus systématiquement l’émotion à distance, tout en restant fidèle à son programme : la surface picturale, qu’elle soit traitée dans l’échelle abstraite ou figurative.‌

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