Un portrait est-ce toujours un regard ?
Le portrait et donc dans la plupart des cas le regard surtout dans le registre de la peinture est une source inépuisable de débats. Débats qui vont de la question du mimétisme qui cherche à rendre l’intériorité de la personne représentée – l’art du portrait tel qu’il a été pratiqué jusqu’à Lucian Freud – jusqu’aux jeux de miroirs magistralement posés de manière presque définitive par Velasquez dans les Ménines.
Instantanéité du regard et la figure du portrait
Le temps de la peinture quand elle n’est pas expressionniste – traduction de l’énergie de l’artiste – est un temps long où le regard est tout sauf un échange instantané. Le temps de l’exécution du portrait s’oppose aussi au temps du regardeur qui est immédiat quand bien même celui-ci se livrerait à la contemplation.
Regard, regardeur et portrait
La première perception du regardeur est donc presque toujours l’interpellation, la captation de son regard par le regard de ce que le peintre où le sculpteur a réalisé dans la durée. Le regard est aussi l’occasion de multiples jeux propices à l’ironie, la distance et la mise en cause de l’illusion même de ce qui est représenté.
Le portrait c’est pas synchrone
Cette réciprocité « asynchrone » du portrait trouve son pivot dans la surface du tableau. Surface picturale qui, quant à elle, est toujours contemporaine du regardeur. Or ce plan de réalité (le tableau), s’affirme souvent, bien que de manière plus ou moins explicité, y compris à la renaissance, comme un medium, un regard de l’artiste et de son temps sur son époque et ses valeurs. D’où ce jeu fascinant entre la séduction immédiate face à certains de ces regards qui nous observent, nous interpellent et la conscience claire qu’il ne s’agit que d’un truchement.